Mot du président

Nous étions dramaturges

Vous aimez les thrillers qui vous glacent le sang ? Les séries de tueurs en série (un jeu de mots qui a du potentiel) très présentes sur Netflix vous font frémir autant que l'éventuelle réélection de Donald Trump? Alors, accrochez-vous à votre siège, les données qui suivent ne s'adressent pas aux cœurs sensibles et risquent de vous traumatiser à jamais.
 
De l'avis même de de la Writer's Union of Canada, les résultats de leur dernier sondage effectué en 2018 sont décourageants et inquiétants. En seulement trois ans, soit de 2014 à 2017, le revenu moyen des auteurs.trices du pays a connu une baisse de 27 % (12 879 $ à 9 380 $). Depuis vingt ans, c'est une véritable chute abyssale de 78 % qu'a subi le revenu des auteurs.trices. Et tous ces chiffres tiennent compte de l'inflation.
 
Si le revenu annuel moyen des auteurs.trices se chiffre à 9 380 $, le revenu médian, lui, glisse à 4 000 $. Ce qui signifie que la moitié des auteurs.trices gagnent moins de 4 000 $ et l'autre moitié, davantage. À la grandeur du Canada, le revenu médian de la population est de 34 204 $, alors que celui de l'industrie de la culture et de l'information affiche un imposant 65 503 $.
 
Dans le rapport du sondage, on pointe du doigt plusieurs causes dont le changement des règles d'utilisation dans le secteur de l'éducation suite à la « modernisation » de la Loi canadienne sur le droit d'auteur en 2012. Mais la cause première me semble plus profonde. C'est l'effritement, depuis vingt ans, du statut social de l'auteur.trice. C'est la perte de reconnaissance de l'apport socio-économique des créateurs.trices.
 
Par hasard, cette régression correspond à la montée des Google, Facebook, Netflix et autres mastodontes du web. Les tueurs en série ne sévissent pas tous dans les séries…

Pour consulter le rapport sur le sondage de la Writer's Union of Canada (en anglais)

https://www.dropbox.com/s/5h6i26mtiqvxlw1/Rapport_Sondage_Writters_Union2018.pdf?dl=0

Luc Boulanger